Les sept entretiens réunis dans ce livre traitent de l'ensemble des questions – parité, PACS, mariage homosexuel, homoparentalité, procréation médicale assistée, accouchement sous X, prostitution, pornographie, violences sexuelles, voile, communautarisme… – qui ont agité le mouvement féministe depuis la première affaire du foulard, en 1989. Si certains de ces sujets d'étude, de réflexion et d'action ne sont pas nouveaux au regard de l'histoire du féminisme français – la question de la représentation politique et celle de la prostitution sont, par exemple, consubstantiellement liées aux théories et aux combats des féministes dites de la première vague (1880-1940) – d'autres, tel le foulard islamique, sont, par contre, relativement neufs. Le choix de la période chronologique (1989-2005) et de l'exhaustivité des sujets traités s'explique par le projet qui sous-tend le livre. Pourquoi, en effet, avoir choisi de faire, aujourd'hui, un livre intitulé Les Féminismes en questions ? Et pourquoi lui avoir donné comme sous-titre Éléments pour une cartographie ? L'une des idées reçues à laquelle s'attaque ce livre, idée couramment et banalement véhiculée depuis la fin des années 1970, est celle de l'implosion du mouvement féministe français. Les polémiques d'aujourd'hui auraient, nous dit-on, brisé le bel unanimisme d'hier, entrainant une « atomisation » du mouvement. L'unité du Mouvement de libération des femmes (MLF) aurait ainsi été balayée, après la traversée du désert des années 1980, par l'arrivée sur le devant de la scène de « microféminismes » acrimonieux et concurrents qui se seraient engagés, notamment par voie de presse, dans une véritable guerre de tranchées. Dans cette optique, on se trouverait désormais en France depuis la première affaire du foulard en 1989 – à l'image des sex wars que les États-Unis ont connues dans les années 1980 – devant des « conflits armés » entre féministes et/ou intellectuelles médiatisées qui seraient illustrés par la virulence, voire la violence dans certains cas, des propos tenus dans les débats sus-cités et des antagonismes idéologiques et politiques qui les sous-tendent.
Curieuse distorsion de l'histoire, en vérité, que cette vision très utopiste et naïve, car, d'unité et d'unanimisme, il n'a guère été question dans le mouvement féministe français qui ne fut fondé à l'origine, comme le rappelle justement Christine Bard dans son introduction à Les Filles de Marianne, ni sur une doctrine figée, ni sur un mouvement monolithique : « Dans les premières années du xxe siècle, le féminisme recouvre des conceptions et des sensibilités opposées. Une « avant-garde », radicale, révolutionnaire, très minoritaire, revendique une égalité totale qui implique de profonds bouleversements des rôles sexuels. Une tendance réformiste, majoritaire, représentée par les grandes associations féministes, milite pour l'amélioration progressive de la condition des femmes et concentre ses efforts sur les réformes juridiques. Une tendance modérée, essentiellement suffragiste et politiquement conservatrice, se constitue dans les années 1920. Mais on ne peut parler d'un féminisme de droite, du centre, de gauche, car les clivages entre militantes sont parfois indépendants de cette géographie partisane.
http://www.editionsamsterdam.fr/extraits/Taraud_Feminismes_en_Questions_Intro.htm
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Les sept entretiens réunis dans ce livre traitent de l'ensemble des questions – parité, PACS, mariage homosexuel, homoparentalité, procréation médicale assistée, accouchement sous X, prostitution, pornographie, violences sexuelles, voile, communautarisme… – qui ont agité le mouvement féministe depuis la première affaire du foulard, en 1989. Si certains de ces sujets d'étude, de réflexion et d'action ne sont pas nouveaux au regard de l'histoire ...
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