Découvrir et comprendre quels furent et sont encore les intérêts qui poussèrent l'homme à interpréter, règler et peut-étre maîtriser sa propre génération telle est l'ambition de l'Histoire naturelle et artificielle de la procréation.
Ni livre de médecine, ni histoire de la sexualité ou de la génétique, l'ouvrage se veut d'abord une exploration à travers les siècles des mythes, des croyances, des représentations peu à peu scientifiques qui se mêlent encore aux avancées contemporaines de l'assistance médicale à la procréation.
Des premiers cultes de la fécondité à la Renaissance, procréation et naissance du monde sont les deux pôles de la réflexion pré-scientifique où microcosme et macrocosme sont supposés se correspondre: les substances primordiales, puis la notion de semence sont censées expliquer la génération de l'homme et la genèse du monde, mais malgré les balbutiements de l'anatomie, aucun mécanisme n'est vraiment mis à jour.
Il faut attendre le XVIIe siècle pour découvrir le mécanisme de l'ovulation: mais la querelle entre « ovistes » et « animalculistes » va considérablement obscurcir, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le débat où philosophes, théologiens et hommes de science s'affrontent: de l'œuf ou de l'«homoncule » lequel peut rendre compte de la genèse de l'individu ?
La science ne se libère que peu à peu de la croyance: au XVIIe siècle, à la veille de la Révolution, un médecin anglais affirme qu'une femme venait d'accoucher de lapins ! Et à la même époque, de savants traités assurent que pour faire des enfants, on peut se passer de mâle !
En 1838, la formulation de la théorie cellulaire déplace le débat: l'ovule, l'embryon sont des cellules; mais qu'est-ce que le spermatozoide ? Un parasite du sperme né par génération spontanée ? L'apport de Pasteur, la découverte du mécanisme de la fécondation, la reconnaissance de la division cellulaire et des chromosomes sont autant d'avancées fécondes; mais à nouveau le débat se déplace: le darwinisme focalise la compréhension de la reproduction sur la question de l'hérédité. Du singe à l'homme, des théories raciales aux fantasmes eugénistes, la science s'égare et ignore pendant trente-cinq ans les travaux de Mendel.
Vers 1860, un journal médical américain rapporte qu'une balle perdue a fécondé une femme parce qu'elle avait au préalable traversé le testicule d'un soldat... L'entrelacs de la science et de théories ou croyances vaguement étayées se poursuitjusqu'à l'époque contemporaine.
Si l'endocrinologie et la génétique bouleversent, au XXe siècle, la compréhension de la procréation et permettent la mise au point des procédures de fécondation in vitro, la congélation d'embryon et l'ICSI, les croyances et les mythes continuent de polluer le débat éthique: la crainte d'une nouvelle forme d'eugénisme doit-elle l'emporter sur l'acquis d'une certaine maîtrise des naissances et de quelques milliers de victoires sur la stérilité ?
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Découvrir et comprendre quels furent et sont encore les intérêts qui poussèrent l'homme à interpréter, règler et peut-étre maîtriser sa propre génération telle est l'ambition de l'Histoire naturelle et artificielle de la procréation.
Ni livre de médecine, ni histoire de la sexualité ou de la génétique, l'ouvrage se veut d'abord une exploration à travers les siècles des mythes, des croyances, des représentations peu à peu scientifiques qui se ...
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