La prise en compte explicite par l'action publique du rôle des aidantes et aidants dans l'accompagnement des personnes vulnérables est relativement récente. Pendant des décennies, les politiques ont ignoré cet apport essentiel alors même que les dispositifs publics ou organisés restaient balbutiants. Les fondateurs du système français de sécurité sociale estimaient même que celle-ci avait vocation à se substituer à la « solidarité familiale » qui devait nécessairement se diluer dans la modernité individualiste des Trente glorieuses.
Aujourd'hui, la place de l'entraide familiale dans l'action publique a été repensée. L'évolution des politiques de l'autonomie en France et en Europe, depuis le milieu des années 1990 a fait du maintien à domicile un objectif d'action publique prioritaire. Il ne pourra être mis en œuvre sans la contribution décisive des aidantes et aidants, cohabitants ou non. Les proches constituent ainsi un point d'appui essentiel et leur soutien est plus varié, plus souple et souvent plus régulier que celui des prestataires privés ou publics. Ils jouent en outre un rôle incontournable de coordination des différents intervenants nécessaires pour qu'une personne fragile vive chez elle.
L'enjeu de l'articulation de l'action publique et des proches est majeur. En effet, au nom de la responsabilité des membres de la famille à l'égard des personnes vulnérables, les pouvoirs publics pourraient être tentés de se décharger sur eux de tâches relevant de la solidarité nationale. Cette vision trouve ses limites en particulier dans les cas où le soutien apporté par l'aidante ou l'aidant est appelé à durer et que cette charge devient un « fardeau » pour eux, au risque d'un arrêt brutal de leur engagement, notamment en cas de fragilisation de leur propre état de santé.
Ainsi pour que les aidantes et aidants ne fassent pas à la place de la protection sociale et qu'ils ne s'épuisent pas, il faut non seulement offrir des services aux personnes vulnérables mais également octroyer des services voire des droits sociaux spécifiques à leurs proches, ce que recouvre l'aide aux aidants. Cette catégorie d'action publique en voie de consolidation regroupe une offre variée : formation, droit au répit, droit à des congés spécifiques indemnisés pour s'occuper d'un proche… Autant de dispositifs que les acteurs publics comme la branche Famille de la Sécurité sociale se sont engagés à soutenir ou à développer, marquant un premier pas dans la reconnaissance de ces aidants. Ils restent toutefois souvent trop peu connus ou peu accessibles dans certains territoires. Pourtant, le droit des proches qui aident constitue un maillon essentiel du droit à la compensation pour les porteurs de handicap ou les personnes âgées en perte d'autonomie.
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La prise en compte explicite par l'action publique du rôle des aidantes et aidants dans l'accompagnement des personnes vulnérables est relativement récente. Pendant des décennies, les politiques ont ignoré cet apport essentiel alors même que les dispositifs publics ou organisés restaient balbutiants. Les fondateurs du système français de sécurité sociale estimaient même que celle-ci avait vocation à se substituer à la « solidarité familiale » ...
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