« Sois un homme. » Comme les autres hommes, Robert Jensen a été confronté à cette injonction. Avec le temps, il a cependant réalisé qu'il ne serait jamais « suffisamment un homme » au regard de l'idéal masculin que la culture dominante impose. Idéal qui s'avère non seulement inatteignable, mais dont la quête est aussi insatisfaisante — et même déshumanisante.
En s'appuyant sur des travaux de féministes, Jensen expose le caractère misogyne et destructeur de la masculinité. Il montre notamment le rôle que la pornographie, de plus en plus accessible et violente, joue dans sa conception et son renforcement, en influençant l'attitude des hommes à l'égard des femmes et en favorisant une sexualité basée sur les rapports de domination et le détachement émotionnel.
Alarmant et stimulant, ce livre soulève des questions difficiles mais cruciales sur la sexualité et le pouvoir afin d'établir une véritable égalité sexuelle. Loin d'adopter une position « anti-sexe » caricaturale, l'auteur défend la vision d'un monde où la sexualité serait un moyen d'éprouver davantage d'émotions, de connexion et d'intimité.[-]

Figure iconique du mouvement féministe radical contemporain, Andrea Dworkin a milité pour faire reconnaître la pornographie comme une agression envers les femmes et une violation de leurs droits civiques. Dans cet ouvrage, l'autrice soutient que l'industrie pornographique instaure et normalise les violences à l'endroit des femmes, à la fois dans sa production, par l'agression et l'objectification des femmes utilisées, et dans les conséquences sociales de sa consommation, car elle fait de la domination, de l'humiliation et de l'agression des femmes des composantes systémiques du fantasme sexuel masculin.[-]

Selon plusieurs enquêtes menées ces dernières années, aujourd'hui, dès l'âge de 11 ans, 95% des enfants ont déjà été exposés à des images pornographiques. Certains ont à peine six ans lorsqu'ils en visionnent pour la première fois ! Avec Internet et les smartphones, il n'est pas étonnant que les jeunes consomment de plus en plus de porno, de plus en plus tôt. En vue d'alimenter cette consommation, d'alimenter le marché qu'ils ont créé, qui repose en grande partie sur une excitation et une stimulation croissantes, les producteurs de porno cherchent inlassablement et inexorablement à le rendre toujours plus dur, violent, dégradant, sexiste ou raciste. Ainsi, au fil des ans, à mesure qu'elle se fondait dans la culture pop et qu'elle changeait de forme, c'est l'ensemble de notre société que la pornographie a changé, avec des conséquences pour le moins désastreuses.
Dans cette investigation incisive, Gail Dines examine le processus ayant permis au porno de s'immiscer dans la sphère grand public, son contenu et les conséquences de son expansion. En montrant comment et combien le porno dégrade et mutile les femmes qu'il exploite, nous désensibilise, nuit à notre sexualité et à nos relations sociales, Gail Dines expose indéniablement son omniprésence désormais banale comme un problème de santé publique majeur que nous ne pouvons nous permettre d'ignorer.
Traduction de Pornland: How Porn Has Hijacked Our Sexuality.[-]