Ce mémoire s'attache à questionner le positionnement professionnel qu'une Conseillère Conjugale et Familiale pourrait adopter dans la perspective d'un accompagnement de groupe de personnes malades. Il vient questionner les compétences d'animation de groupes de paroles et de groupes informatifs à propos de la santé sexuelle acquises par la formation en conseil conjugal et familial et tente de repérer ce qui est actuellement mis en place par les institutions de santé dans l'accompagnement et l'écoute des personnes malades. A partir d'une observation du fonctionnement des groupes de paroles et des séances d'éducation thérapeutique du patient, j'ai voulu comprendre pourquoi ces modalités d'accompagnement produisent à mon sens une individualisation de l'épreuve de la maladie et une responsabilisation personnelle dans les processus thérapeutiques. Face à ce constat, j'ai eu envie de mobiliser des éléments théoriques pour analyser cette orientation des politiques de santé, notamment grâce au travail féministe de Judith Butler sur la vulnérabilité et la précarité corporelle et à la lecture sociologique de Didier Fassin sur le travail social et l'écoute. C'est également en réalisant des entretiens avec des professionnel·les de santé et des personnes pairs que j'ai pu mieux saisir les objectifs de ces dispositifs d'accompagnement, et pourquoi ils semblent mettre de côté l'importance du collectif et des relations sociales dans les perspectives de soin. Les mouvements de malades issus de la santé communautaire, les mouvements de santé des femmes et la psychothérapie institutionnelle sont des exemples de démarches qui vont traverser ce mémoire : d'une part parce qu'ils réenvisagent les relations thérapeutiques entre professionel·les et malades, d'autre part parce qu'ils mobilisent des cadres pertinents pour former des collectifs de soin. Leurs réflexions sur le savoir médical et la possibilité de l'enrichir grâce aux expériences et aux connaissances des personnes malades elles-mêmes m'ont également permis de réfléchir à la notion politique d'empowerment et aux enjeux féministes et d'éducation populaire relatifs au décloisonnement des savoirs scientifiques. C'est dans la dernière partie que j'ai plus spécifiquement voulu interroger le travail de la Conseillère Conjugale et Familiale et l'enjeu d'une plus grande reconnaissance de ce métier. La notion féministe de care y est interrogée pour voir si on peut envisager certaines compétences d'une CCF comme gestes de soin, et également pour saisir l'importance des notions de santé et d'accompagnement dans ce métier. L'animation de groupe y est aussi travaillée et j'ai voulu imaginer ce qu'il serait possible de réaliser avec des collectifs de malades, tout en gardant à l'esprit les limites et les contraintes qui peuvent mettre à mal ce genre d'accompagnement. Ce mémoire se voudrait aussi être une mise en lumière des perspectives féministes pour une plus grande égalité d'accès aux soins, une alliance des corps précaires face aux politiques de santé de plus en plus discriminantes, pour une plus grande reconnaissance des métiers du soin et de l'importance sociale des relations de care.[-]