Depuis le Grenelle de 2019, l'institutionnalisation de la prise en charge des auteurs de violences conjugales s'accentue. Toutefois, les pratiques observées lors de deux enquêtes qualitatives, menées en France en 2018-2019 et 2020-2022, révèlent une faible intégration du primat de la sécurité de la victime et une tendance à la reproduction des hiérarchies de genre. Faute d'un étayage scientifique rigoureux, le traitement socio-pénal des agresseurs conjugaux présente à ce jour plusieurs points de divergence vis-à-vis des indications du réseau européen Work With Perpetrators et des recommandations du Conseil de l'Europe dans le cadre de l'application de la Convention d'Istanbul.[-]

2019 s'achève doucement… et en demi-teinte. Cette année a été marquée par les récentes élections, et par de nombreuses mobilisations citoyennes pour le climat mais aussi pour un monde plus juste et plus humain. Si nous sommes capables de lutter et défendre nos droits, nous sommes aussi capables du pire. Les abus et violences à l'encontre des femmes restent, hélas, monnaie courante et l'égalité est loin d'être acquise. Si, à l'heure où nous écrivons ces lignes, aucun gouvernement fédéral n'est constitué, saluons néanmoins la présence de femmes dynamiques et engagées, chargées de portefeuilles essentiels dans la lutte contre les inégalités sociales et de genre : Christie Morreale au gouvernement wallon, Nawal Ben Hamou en région bruxelloise ou encore Bénédicte Linard en Fédération Wallonie-Bruxelles… De quoi rompre avec les traditions. Nul doute, qu'en 2020, les choses vont évoluer ! Et pour nous, point de résolutions trop vite oubliées. Les FPS joueront plus que jamais leur rôle de sentinelle, leur mission d'aiguillon pointant les questions dont il est urgent de se saisir pour améliorer les conditions de vie des femmes. De toutes les femmes. Pour qu'elles ne soient plus, à l'avenir, les dindes de la farce.[-]

GREVIO, le Groupe d'experts sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, est un organe indépendant de suivi dans le domaine des droits de l'homme, chargé de veiller à la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (Convention d'Istanbul) par les Parties. La Convention d'Istanbul est le traité international le plus ambitieux pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique. L'ensemble complet de ses dispositions englobe des mesures préventives et protectrices de grande envergure ainsi qu'un certain nombre d'obligations visant à garantir une réaction de la justice pénale adaptée à de telles violations graves des droits de l'homme. Ce rapport contient une analyse globale de la mise en œuvre des dispositions de la Convention. Il souligne des initiatives positives dans la prévention et lutte contre toutes les formes de violence envers les femmes au niveau national et formule des propositions et des suggestions pour améliorer la situation des femmes confrontées à de telles violences.
Si le GREVIO se félicite de la ratification de la Convention d'Istanbul par la France, il a cependant recensé un certain nombre de domaines prioritaires dans lesquels les autorités françaises devraient prendre des mesures complémentaires pour se conformer pleinement aux dispositions de la convention.[-]