Pour la rentrée 2024, la revue La Déferlante propose un numéro spécial : « Résister en féministes ».
Comment l'extrême droite s'empare-t-elle des questions féministes et LGBT+ ? En France, comment Marine Le Pen et le Rassemblement national sont-ils progressivement parvenus à conquérir un électorat féminin ? Au-delà du champ politique, comment les mouvements affiliés à l'extrême droite mènent-ils, au sein de l'Education nationale, dans les médias ou sur internet, des batailles culturelles aux conséquences violentes ? Enfin et surtout : comment résister à ces dynamiques, comment se mobiliser ?
À lire aussi dans ce numéro : une grande rencontre entre la militante Assa Traoré et la syndicaliste Sophie Binet, une enquête sur les formes de solidarité se développant à Calais et un débat sur les résistances à l'extrême-droitisation des médias.[-]

Spécial Jeux olympiques
Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sont l'occasion de revenir sur la longue et tortueuse histoire de la visibilité LGBTQI+ dans le sport, de Robert de Montesquiou à Jérémy Clamy-Edroux, en passant par Otto Peltzer et Amélie Mauresmo. La gardienne de l'équipe de France de football Pauline Peyraud-Magnin passe aussi une tête dans nos pages pour parler de Plus belle la vie et du foot féminin, quand les basketteuses en fauteuil Robyn Love et Laurie Williams nous racontent comment associer couple et compétition. Les sportives trans, elles, ne pourront pas participer aux JO de Paris, victimes des campagnes du lobby réac : les instances sportives internationales et nationales les excluent, au mépris des études scientifiques sur le sujet. Enfin, rencontre avec Thomas Jolly, le metteur en scène des cérémonies d'ouverture et de fermeture des Jeux olympiques et paralympiques.[-]

Septembre 2023. La Belgique francophone s'embrase. Littéralement, puisque plusieurs écoles de la région de Charleroi sont incendiées pendant les premières semaines du mois de septembre. La raison ? Une réforme somme toute modeste du programme d'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle en Belgique francophone, plus connu sous l'acronyme d'EVRAS. Derrière ces écoles, c'est tout un monde qui prend feu, ou plutôt des mondes, tant les analyses produites au plus près des évènements insistent sur la diversité des acteurs mobilisés : organisations religieuses conservatrices catholiques et musulmanes, groupes de parents inquiets et associations de protection de l'enfance, pédopsychiatres, mais aussi antivax et adeptes de complots divers et variés. La Belgique découvre alors ce que de nombreux pays européens ont expérimenté sous des formes diverses depuis bientôt vingt ans : les campagnes anti-genre. Ce mouvement d'opposition n'a donc fait que mettre en lumière ce monde, en partie souterrain, que ce numéro cherche également, à sa façon, à éclairer.
N°6[-]

Les personnes AfroQueer subissent une double invisibilité et marginalité: elles vivent de la stigmatisation au sein même des communautés Noires, mais aussi dans la communauté LGBTQIA+ dans des pays à population majoritairement blanche. Ce livre, qui regroupe les portraits de 25 personnes AfroQueer de l'espace francophone (Québec, Antilles, France, Belgique et Afrique subsaharienne), veut contribuer à les « visibiliser » dans l'espace social et à déconstruire les préjugés à leur égard. Il est primordial que les jeunes AfroQueer puissent enfin se reconnaître dans des personnes qui leur ressemblent, afin de leur permettre de se projeter dans un futur qu'ils n'auraient autrement jamais imaginé.[-]

La lutte contre la sédentarité est devenue un enjeu de santé publique : il faut que les enfants bougent ! Le sport n'est qu'une partie de la réponse à cette injonction, qui vise surtout à promouvoir l'exercice physique. Mais ses vertus ne se limitent pas non plus à ses bénéfices sur la santé. Il joue aussi un rôle en matière d'éducation, de construction de soi, de rapport aux autres, en classe ou hors cadre scolaire. Il peut constituer par ailleurs un formidable outil d'insertion et d'inclusion. Malgré tous ces avantages, les parents se posent bien des questions : vers quelle activité sportive orienter son enfant ? L'encourager à la compétition présente-t-il des risques ? Faut-il s'inquiéter de la tendance à idéaliser le corps que révèlent l'essor de certaines pratiques ? À l'approche des Jeux olympiques de Paris, ce hors-série participe – à sa manière – à l'événement.[-]

Avez-vous souvent lu des albums jeunesse sans stéréotype sexiste ?
Dans cet essai, la chercheuse Priscille Croce analyse toute la production d'albums jeunesse questionnant les normes genrées, soit près de 200 albums de 1975 à 2023. Nous observons ainsi les tendances majoritaires, les plus marginales ainsi que les manques de représentations de genre en littérature jeunesse, offrant à toute personne la possibilité de développer un regard critique et des outils concrets pour (re)penser sa bibliothèque.[-]

La convergence des luttes. Derrière cette vision tant défendu par la gauche se trouve une condition de survie pour nos civilisations. Nous, citoyen·ne·s ; nous, associatif ; nous, corps intermédiaires, sommes affaibli·e·s, asphyxié·e·s et menacé·e·s dans une société néolibérale dictée par le capitalisme, le patriarcat et les discriminations. Si nous ne régissons pas, Nos droits à vivre dignement s'en trouvent menacés. Nous devons impérativement repenser et élargir le rapport de force en (re)créant des alliances et en réenchantant la militance. Sans gommer notre histoire et notre identité ou nier les vécus spécifi ques pour le bien d'une majorité plus visible, nous devons réinvestir le champ du récit et montrer qu'un autre modèle de société est possible. Ensemble, réaffirmons nos valeurs au travers de combats collectifs, solidaires et fédérateurs.[-]

Sphères d'injustice réfléchit aux résonances entre les différents types d'expérience minoritaire et passe en revue les obstacles que rencontre la notion de minorité aujourd'hui : comment articuler les combats minoritaires et éviter qu'ils soient en compétition ? Comment impliquer la majorité ? Comment éviter les dérives managériales et résister aux attaques réactionnaires ? Comment représenter les minorités à l'ère des algorithmes ?
Par son étude des jurisprudences américaine, française et européenne, Bruno Perreau montre qu'une catégorie peut toujours en abriter une autre. Les dispositifs qui protègent le genre peuvent servir à protéger la race, ceux qui protègent le handicap peuvent protéger l'âge, la classe, l'orientation sexuelle, et ainsi de suite. C'est ce que l'auteur appelle l'intrasectionnalité. [-]

Depuis une vingtaine d'années, des campagnes anti-genre se développent en Afrique. En tant que catégorie analytique, l'anti-genre recouvre une diversité d'acteurs sociaux et politiques qui considèrent qu'il existe « une théorie du genre » et l'ont érigée en problème public. Ce travail politique, initialement entrepris par le Vatican et observé en Europe, repose sur la délégitimation des études de genre accusées d'être idéologiques et non scientifiques, ainsi que sur la désignation du genre comme « ennemi porteur d'une vision dénaturalisée de l'ordre sexué et sexuel ». C'est pourquoi il est urgent d'investir empiriquement ces phénomènes sociaux. Comment comprendre la montée en puissance de la rhétorique et des mobilisations anti-genre ? Que nous apprennent-elles des sociétés et des espaces politiques africains ?[-]

Fémi(ni)cide
Parcours conceptuels, militants et institutionnels
Dossier coordonné par Pauline Delage, Delphine Lacombe et Marylène Lieber
Pauline Delage, Delphine Lacombe et Marylène Lieber, avec Solenne Jouanneau et Magali Mazuy – De la violence létale contre les femmes à la violence féminicide. Genèses et mobilisations
Glòria Casas Vila – Violences de genre et féminicides en Espagne : des catégories et des chiffres en débat
Marylène Lapalus – Faire justice en temps de féminicide. De la dette de vie à la résistance vindicatoire
Margot Giacinti – Le Tribunal international des crimes contre les femmes (ars 1976). Un moment clé dans la conceptualisation du féminicide ?
Delphine Lacombe – Conceptualiser et quantifier les féminicides sexuels systémiques. Présentation du texte de Julia E. Monárrez Fragoso
Julia E. Monárrez Fragoso (Traduction) – Les différentes représentations du féminicide et des meurtres de femmes à Ciudad Juárez, 1993-2005
Simon Jutant et Giovanna Rincon d'Acceptess-T – Transféminicides : des violences de genre spécifiques ?
Lecture d'une œuvre
Maud Simonet – Silvia Federici, d'hier à aujourd'hui, une théorie pour l'action
Hors-Champs
Séverine Depoilly – Soumises les filles en bac pro ?
Joana Masó – Du collectif avec des femmes. Soin et politique autour de l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban, 1930-1960
Notes de lecture
Hommage à Margaret Maruani par le comité de rédaction[-]

Qu'est-ce qu'être lesbienne en France aujourd'hui ? Dix ans après l'adoption du mariage pour tous et toutes, la photographe Marie Docher est allée à la rencontre de lesbiennes de toute génération, de tout profil sociologique ; certaines sont célibataires, d'autres en couple, d'autres encore ont eu des enfants. Elle a réalisé des portraits et recueilli le récit intime de chacune : autant de fragments d'un discours amoureux hors des normes hétéros. Un livre documentaire qui propose une représentation inédite des lesbiennes et offre une plongée dans la culture queer.[-]

Suite à l'observation durant mes stages de la rapidité avec laquelle les professionnel·le·s posaient la question du recours au dépôt de plainte, lorsque les personnes faisaient part d'un vécu de violence ; j'ai choisi d'interroger ce que pouvait permettre ou non le recours au judiciaire pour les personnes cibles de violences de genre. Le constat du décalage entre ce que produisaient ces procédures et les attentes exprimées par les premières concernées m'a conduit à explorer d'autres pistes de réponses qui pouvaient être proposées dans le cadre des accompagnements violence. J'ai souhaité au travers de cet écrit réfléchir depuis ma place de futur·e CCF, et depuis le territoire dans lequel je travaille – l'Ariège. Aussi ai-je cherché des approches et des outils qui puissent être mobilisés ou transposés dans mon contexte d'exercice. L'étude de la pratique quotidienne et pluridisciplinaire des associations spécialisées dans l'accueil des personnes cibles de violences de genre m'incite à construire un réseau professionnel et militant dense pour apporter une diversité d'outils et de ressources aux personnes que je serai amené·e à accompagner. La compréhension systémique des violences par les collectifs qui réfléchissent à des formes alternatives de justice, m'a quant à elle, permis de mieux cerner ce qui m'apparaît comme une « juste place » dans l'accompagnement, et plus généralement dans la lutte contre les violences de genre. L'articulation de la prévention auprès de jeunes publics, d'accompagnements individuels, et de formes de mobilisations collectives et créatives pour rendre audibles les revendications des personnes cibles de violences me stimule et me semble porteuse de changements. Je crois, à l'issue de ce travail, que la démarche de rechercher des recours alternatifs ou complémentaires au dépôt de plainte permet véritablement d'enrichir l'accompagnement des CCF d'une palette d'outils, susceptibles de mieux répondre à la diversité de besoins des personnes confronté·e·s aux violences de genre.[-]

Quels moyens nous donnons-nous en tant que féministes pour ne pas reproduire les hiérarchies, les privilèges et les oppressions, dont les expériences de chacun·e sont imprégnées ? Comment lutte-t-on contre les inégalités à l'intérieur des mouvements ? Ce numéro de Nouvelles Questions Féministes répond à ces questions selon divers points de vue historiques, sociologiques et militants. Il propose plusieurs pistes de réflexion : l'autonomie relative des groupes minorisés, le difficile équilibre entre un « entre-soi minoritaire » et la nécessité vitale des alliances, enfin l'importance de soulager les groupes minorisés de la charge de l'éducation pour réduire les dominations. De manière transversale, le Grand angle, le collectif et les parcours rappellent que la lutte féministe, dans son organisation et dans la définition de ses objectifs, ne peut être que collective.[-]